ChatGPT : dérives et fantaisies de l’intelligence artificielle. Ph Rochot.

Pour vérifier la fiabilité de l’IA, quoi de plus simple que d’inscrire son nom dans la case « envoyer un message » du site de ChatGPT et d’attendre quelques minutes pour savoir qui vous êtes aux yeux de l’Intelligence artificielle… Mais là, les résultats sont stupéfiants. A chaque recherche, ChatGPT me fait naître dans des lieux différents : à Marseille, puis à Lyon ou même à Bône en Algérie ou encore à Boulogne Billancourt mais jamais à Dijon où j’ai pourtant poussé mon premier cri. Plus grave, dans deux recherches sur trois, ChatGPT me donne pour décédé, parfois en 2016, parfois en 2020, parfois en 2006. A chaque recherche ma date de naissance est différente, mais la bonne date ne s’affiche jamais… (documents en fin d’article).

Sur ma carrière de journaliste, « l’agent conversationnel » comme il faut l’appeler, m’accorde bien 40 ans de métier dans l’audiovisuel public mais me fait travailler aussi pour la BBC, RFI et France24 ce qui n’est jamais arrivé.

Dans le passage qui suit, seule ma couverture de la chute du mur de Berlin est exacte : « Philippe Rochot a commencé sa carrière comme reporter en Algérie où il a découvert la guerre d’indépendance. En 1966 il rejoint l’ORTF et devient correspondant à Moscou. Il a ensuite travaillé dans plusieurs pays, couvrant des événements comme la guerre du Vietnam, la chute du mur de Berlin, la guerre dans l’ex-Yougoslavie. »

ChatGPT raconte que j’ai été capturé en reportage mais ne cite jamais le bon endroit qui était le Liban. Ainsi j’aurais été fait prisonnier en Irak en 1991 alors que je couvrais la première guerre du Golfe. En 2004 j’aurais été blessé dans ce même Irak lors de l’explosion d’un obus près de mon véhicule, explosion qui aurait coûté la vie à mon collègue CC (je n’ose pas citer son nom pour ne pas l’effrayer) et à notre interprète irakien.

Sur une autre recherche je découvre que je suis un journaliste belge basé à Paris et que j’ai été pris en otage au Mali avec deux autres journalistes français.

Plus tard, ChatGPT m’annonce qu’en 1986 j’ai été pris en otage en Tchétchénie pendant plus de six semaines avec deux autres journalistes français, que j’ai été correspondant en Afrique du Sud pendant l’apartheid et que j’ai couvert la transition démocratique dans ce pays. Ce qui est faux.

Une cinquième recherche affirme que j’aurais été correspondant de la BBC à Paris et à New York. Cette fois j’aurais été pris en otage en Afghanistan en 2009 et libéré après 18 mois. En 2013 j’ai été capturé en Syrie en compagnie du journaliste Didier François.

Chaque recherche ne livre jamais la même histoire et donne rarement les mêmes dates qui sont fausses la plupart du temps.

Toutes ces révélations prouvent que ChatGPTT souffre d’une congestion cérébrale aggravée. L’appli va chercher des centaines de données où mon nom est mentionné et en fait une synthèse plus ou moins digeste et de toute façon totalement inexacte. Donc un seul mot d’ordre : se méfier des biographies livrées par l’Intelligence artificielle.

Philippe Rochot

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