« Championnes » ou le sport féminin dans l’entre-deux guerres :  galerie Roger-Viollet.

Les femmes ont accédé aux stades avant d’accéder aux urnes. C’est l’enseignement qu’on peut tirer de l’exposition « Championnes » à la galerie Roger-Viollet à Paris qui nous présente le sport féminin durant l’entre-deux guerres. La plupart des images ont été prises dans les années 1920 sur des courts, des stades, des pistes, des routes et surtout en compétition.

L’athlète britannique Ivy Lowman durant les jeux athlétiques féminins de Monte-Carlo en 1923. Elle remporte le saut en hauteur avec la barre à 1m47. (c) Excelsior L’Equipe/Roger -Viollet.

Les femmes ont du combattre les préjugés de l’époque. Le sport, disait on, c’était une affaire d’hommes. Des médecins affirmaient que pareille activité violente était fortement déconseillée aux femmes. Les sauts, l’effort, l’endurance indispensable pouvaient les empêcher d’avoir des enfants. Pour les consoler les dirigeants de l’époque avaient lancé de nouvelles disciplines moins violentes en adaptant les règles pour des participantes féminines. Mais les sportives ont su dépasser ces domaines réservés au sexe faible et jouer dans la cour des grands.

Suzanne Lenglen (au centre à gauche) médaille d’or de tennis aux JO d’Anvers en 1920. (c) Excelsior L’Equipe/Roger -Viollet.

Le sport fut pour les femmes une occasion de sortir du patriarcat : football, athlétisme, course à bicyclette, tennis, elles étaient présentes dans toutes les disciplines avec une volonté et un enthousiasme qui forcent le respect. C’est ce que montre l’exposition.

 « Ces femmes se retrouvaient régulièrement dans des journées entières consacrées aux activités les plus variées, souvent dans une ambiance festive » affirme Valérie Lesauvage, commissaire de l’exposition. 

Les tenues sportives ont de quoi faire sourire. Le short s’arrête au-dessus du genou, le maillot est flottant, triste, sans allure. Parfois elles n’ont pas même de vêtements de sport et opèrent en tenue de ville.

Traversée de Paris à la nage :1923. (c) Excelsior L’Equipe/Roger -Viollet.

Le sport féminin n’aurait pas eu pareil impact sans l’action d’une dirigeante, Alice Milliat. Elle s’est battue pour que les femmes participent aux épreuves d’athlétisme des JO contre la volonté du Comité olympique. Dès 1919 elle a réussi à contourner les obstacles en organisant des jeux athlétiques féminins à Monaco puis des jeux mondiaux.

Anne Sophie de Kristoffy, ancienne championne de patinage écrit : « au-delà des performances, dans le regard de ces sportives, on devine l’envie farouche de montrer qu’une femme est capable de gagner. » Et pourtant il faudra attendre 1984 pour que les femmes soient autorisées à participer à un marathon. C’était aux JO de Los Angeles .

Equipe Femina Sport : Paris, stade Elisabeth : 1920. (c) Excelsior L’Equipe/Roger -Viollet.

Aujourd’hui, les exploits des sportives des années 1920 ont été oubliés mais il faut retenir qu’elles ont joué un rôle clef dans l’évolution des mœurs permettant à la femme d’accéder aux plus hautes compétitions sportives mondiales. L’expo « Championnes » est là pour le rappeler.

Philippe Rochot

Jusqu’au 14 septembre. Galerie Roger Viollet et Square Gabriel Pierré: 6 rue de Seine, Paris 6ème. Fonds photo: Roger-Viollet Excelsior -L’équipe.

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