« Pénétrer sur le chantier pour photographier les artisans au travail ? Vous n’y pensez pas, question de sécurité, d’environnement, de santé, il faut des masques spéciaux pour arrêter les poussières etc. » nous confie Philippe Jost, maitre d’ouvrage des travaux.
L’exposition qui s’ouvre ce 7 mars sous le parvis de la cathédrale Notre-Dame de Paris s’intitule pourtant Au cœur du chantier. Mais il faudra se contenter de pièces présentées en vitrine comme par exemple un élément du coq qui ornait le sommet de la flèche, retrouvé dans les décombres de l’incendie.

On y croise aussi un grand-duc de plomb qui décorait l’édifice ou encore un des anges de l’oculus situé tout en haut de la voûte, à la croisée du transept, et rescapé de l’incendie.

L’intérêt de cette exposition est surtout pédagogique et l’on imagine aisément les enseignants de nos écoles conduire les élèves dans cet ancien parking qui sert aujourd’hui de site de présentation des métiers impliqués dans la restauration de la cathédrale.

500 personnes travaillent chaque jour sur le chantier de Notre-Dame de Paris : artisans de métiers rares comme les facteurs d’orgues qui restaurent un à un les centaines de tuyaux qui permettront au grand orgue de la cathédrale de retrouver le son juste. Ces gens sont précieux car ce noble métier se perd ; il n’existe qu’une seule école en France à Eschau en Alsace.

Les facteurs d’orgue: extrait du film de présentation.
L’exposition permet de découvrir les métiers de ce chantier hors normes comme celui de maitre-verrier consacré à la restauration des vitraux, celui de carrier qui rebâtit les voûtes ou de restaurateur de sculptures. Ces hommes et femmes utilisent pour cela les méthodes et instruments les plus modernes mais aussi les plus anciens.
Pour les statues, interviennent des « serruriers d’art » qui recréent la structure interne, des chaudronniers qui travaillent sur les parties en cuivre ou encore des patineurs qui appliquent des produits chimiques permettant à la statue de retrouver sa finition d’origine. Des séquences vidéo nous montrent les maitres de ces arts, à l’œuvre et en situation à défaut de pouvoir les rencontrer.

Restauration des fresques: extrait du film de présentation.
C’est finalement le film de vingt minutes projeté en boucle sur grand écran (réalisé par Anne Lise Michoud) qui nous fait le mieux pénétrer dans l’univers du chantier de Notre-Dame.
De l’effondrement de la flèche dans l’incendie qui traumatisa les Parisiens et choqua le monde entier jusqu’à l’édification de ce mikado géant d’échafaudages et à la reconstruction des voutes de bois qui flambèrent comme des allumettes, toute la saga de l’incendie de Notre-Dame est là.

L’incendie de Notre-Dame, le 15 avril 2019. (c) Ph Rochot.
La maquette pédagogique à taille humaine nous fait également mieux comprendre la complexité de l’édifice : le beffroi, la forêt, les voutes. la charpente de la flèche.

L’exposition Au cœur du chantier est une noble introduction aux métiers impliqués dans la reconstruction et la restauration de Notre-Dame. Si elle peut susciter des vocations, alors elle aura réussi son objectif car il est clair que ces métiers manquent de bras.
Philippe Rochot

Notre-Dame de Paris, du temps de sa splendeur. (c) Ph Rochot: 2015.
Ouverture à partir du mardi 7 mars 2023
« Notre-Dame de Paris : au cœur du chantier », la Maison du chantier et des métiers
Espace Notre-Dame – Parvis de la cathédrale (entrée face au 6 rue de la Cité) – 75004 Paris
Du mardi au dimanche, de 10h à 20h
Accès libre et gratuit, sans réservation.