Le béret de côté et le fusil dans les bras, la patrouille de Vigipirate en tenue de combat tourne autour de la foule qui piétine pour pénétrer dans le Grand Palais Ephémère. Nous sommes au Champs de Mars, l’endroit est sensible mais calme. Tenues élégantes pour hommes et femmes ; on entend surtout parler l’anglais, l’allemand, le japonais voire le chinois. Paris+ , nouveau salon de l’art contemporain accueille ses fidèles et ses passionnés d’art moderne.

Vous avez aimé la Fiac, vous aimerez Paris+ : ses peintures provocantes, ses sculptures d’avant-garde dans les formes et les couleurs, ses créations surprenantes, réalisées souvent avec des objets du quotidien transformés, pliés, reconvertis. Le groupe suisse Art Basel qui a bousculé la Fiac après quarante années de règne sur le marché de l’art contemporain nous fait revivre la même ambiance. Et il faut s’en féliciter.

156 galeries d’art internationales ont été sélectionnées pour des œuvres qui se facturent en centaines de milliers d’euros. Au diable le Covid, l’inflation, l’Ukraine, le marché de l’art ne connait pas la crise. Ses clients possèdent les fonds pour payer une œuvre de Tony Cokes ou Lily van der Stokker.

Seul bémol, l’étroitesse des lieux. Une foire aussi riche en œuvres, en création, en argent et en beau monde a dû se contenter du Grand Palais Ephémère pour s’exposer : du préfabriqué, du provisoire, alors que sa vocation première était d’étaler ces œuvres sous les verrières et les voutes en fer du vénérable Grand Palais. Mais les travaux en cours ont contraint les galéristes à se contenter d’un décor plus modeste et plus fragile : éphémère comme son nom l’indique.

Cela n’aura qu’un temps et après tout qu’importe. « Paris+ par Art Basel » est fier de se montrer dans la capitale française, donnée comme nouvelle place forte de l’art contemporain. Pendant des décennies ce fut Londres. S’agit-il de l’une des nombreuses conséquences du brexit ? En tout cas de grandes galeries anglo-saxonnes s’installent à présent à Paris et depuis les bords de Seine traitent avec l’Amérique ou la Chine.

Le « Marat assassiné » de Yan Pei-Ming.
La France occupe aujourd’hui la 4ème place dans le marché de l’art contemporain après les Etats-Unis, le Royaume uni et la Chine… Le succès des galeries d’art est souvent de miser sur un seul artiste plutôt que de présenter des œuvres de créateurs divers et dispersés. C’est le cas de Frank Elbaz, galériste reconnu qui parie sur un seul créateur d’œuvres, comme actuellement Sheila Hicks, artiste principale de sa galerie. Il élargit ensuite sa démarche vers des galeries de New York, de Berlin ou de Londres.

Au Palais des Tuileries / oeuvre de Ugo Schiavi. (courtesy Art Basel)
Avec des entrées à 40€ la journée et 120€ pour les 4 jours du salon, les portes de Paris+ ne s’ouvrent pas pour tout le monde. D’où l’idée d’exposer en dehors du Grand Palais Ephémère, avec des œuvres disséminées dans quatre sites parisiens comme la place Vendôme ou le Jardin des Tuileries, histoire qu’un plus large public puisse profiter du succès actuel de l’art contemporain, à défaut de pouvoir acheter…
Philippe Rochot

Place Vendôme. Alicja Kiwade.(courtesy art Basel)
J’aime découvrir les nouveautés de l’art contemporain ! J’apprécie particulièrement Yan Pei-Ming. Merci pour ce partage ! 🙂
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