« Aux grands hommes la patrie reconnaissante » peut-on lire sur le fronton du Panthéon. Le temps d’une soirée, le portrait d’Olivier Dubois a été projeté en XL lundi 7 janvier 2022 sur ce monument prestigieux, où reposent d’illustres hommes de lettres qui grâce à leurs plumes ont fait bouger la société.

Nous devons être reconnaissants à Olivier Dubois pour les choix journalistiques qu’il a faits en couvrant la situation au Mali et surtout en allant au-delà du simple constat des événements, des attentats ou des opérations de l’armée française. Olivier Dubois a voulu comprendre ce qui animait et motivait les groupes djihadistes dans leur action. Rencontrer un ou des représentants du mouvement qui se fait appeler « Groupe de Soutien à l’Islam et aux Musulmans » était un élément indispensable à ses yeux pour expliquer la situation dans le pays. Pigiste pour Le Point et Libération, Olivier Dubois s’est donc rendu à Gao pour rencontrer quelque chef de guerre. A-t-il été trahi, trompé par ses contacts ? Lui seul pourra le dire à sa libération.

Dans un quartier de Bamako, la photo d’Olivier Dubois…
Après onze mois de détention, les signes de vie ne sont pas nombreux, à part une courte vidéo du mois de mai dernier où il confirme qu’il est détenu par le GSIM. Il est clair qu’Olivier Dubois est toujours en vie. Les témoignages des anciens otages du Sahel confirment que malgré des conditions difficiles, les ravisseurs veulent préserver la vie de leurs otages ; sans quoi ils perdraient une précieuse monnaie d’échange.
Mais les djihadistes du Mali ne sont pas très bavards et pour le moins avares en photos ou communiqués. En l’absence d’informations, c’est donc le silence qui s’installe et avec lui l’inquiétude. Pour connaitre le sort des otages, nous sommes dépendants des ravisseurs qui sont bien les maîtres du jeu.

Paris: manifestation de solidarité avec Olivier Dubois, le 8 juin 2021.
Un internaute m’écrit : « un tweet par jour, ça pourrait changer les choses ». Mais le rythme des messages n’est peut-être pas la solution. En parler tous les jours pour dire quoi, à part déclarer notre solidarité totale avec Olivier Dubois et noter le décompte des jours ?
Il faut savoir aussi comment les preneurs d’otages interprètent ces messages quotidiens : harcèlement, pression, piège, propagande occidentale ? Sont-ils attentifs à ce que disent les médias occidentaux ? Apparemment, RFI est capté dans les repères des ravisseurs qui laissent parfois les détenus écouter la radio durant quelques instants. D’où l’importance des annonces qui peuvent être faites.

Devant la mairie de Paris, le portrait d’Olivier Dubois.
Reporters Sans Frontières mène régulièrement des actions de solidarité : portraits d’Olivier Dubois déroulés sur les façades de quelques mairies, rassemblements de solidarité comme cette soirée au Panthéon. Mais difficile de savoir comment ces manifestations toujours sincères sont perçues et interprétées par les groupes Djihadistes. D’où la prudence qui s’impose.

L’armée française au Mali. Le repli de l’opération Barkhane complique les éventuels contacts des renseignements militaires français avec des interlocuteurs pouvant conduire aux ravisseurs. (image ECPAD)
Dans les affaires d’otages, le pouvoir politique a toujours préconisé le silence des médias : ne pas mettre en péril la négociation, laisser les tractations se dérouler en secret pour ne pas compromettre le travail des médiateurs. On peut le comprendre mais il reste toujours la crainte de voir nos dirigeants s’abriter derrière le silence pour laisser pourrir une situation.
Aujourd’hui, l’invasion russe de l’Ukraine, le retrait français du Mali, les démonstrations hostiles et imprévisibles de la nouvelle junte au pouvoir à Bamako brouillent un peu plus les cartes, détournent l’attention portée au sort d’un otage mais ne sauraient nous retirer l’espoir pour la libération d’Olivier Dubois.
Philippe Rochot

En 2014, l’artiste JR faisait entrer symboliquement au Panthéon le commun des mortels, M. ou Mme Toulemonde… J’ai voulu y associer l’image d’Olivier Dubois.
Ceux qui prennent des risques pour nous informer doivent être protégés, honorés, pour le moins. Ne peut-on mettre Free Olivier Dubois en bandeau comme » autrefois » à l’antenne ? Merci pour ton article sur ce journaliste.
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Merci Henriette, Les bandeaux en faveur des otages au JT ne sont plus tendance… Il faut trouver autre chose. Amitiés
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Belle initiative ! Merci à Philippe Rochot de la transmettre. Dommage qu’elle ne soit pas relayée par les médias journaux papier et télé . Les confrères d’Olivier Dubois ne se sentent donc pas concernés ?
La solidarité de tous devrait se manifester plus face à cette prise d’otages. Nous sommes tous concernés.
René ROBERT Nantes
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