L’Urgence pour Sophie Pétronin, otage au Sahel… Ph Rochot.

Si Sophie Pétronin n’est pas libérée dans les jours qui viennent, Noël 2018 marquera les deux ans de sa détention au Sahel. Son fils et sa famille se battent depuis des mois pour obtenir sa libération, pousser à la négociation, engager des démarches mais jusque-là sans résultat.  A l’approche des fêtes, les espoirs ont été réduits à pas grand-chose. Le fils de Sophie Pétronin , Sébastien qui multiplie les voyages pour la libération de sa mère et se retrouve même en première ligne dans les contacts avec les ravisseurs, est revenu désespéré d’une récente tournée au Sahel. En trois semaines, il a effectué trois missions à Bamako au Mali et deux à Nouakchott en Mauritanie. Il estime que les ravisseurs de sa mère lui ont fait une « proposition inespérée » mais que le gouvernement français l’a « refusée ». Sébastien Chadaud-Pétronin ne donne pas la nature de cette proposition : rançon ? Echange de prisonniers ? Libération dans des conditions acceptables pour la France ? Ce fils infatigable parle à l’AFP de « proposition inédite qui prenait en compte la gravité de la situation. Je l’ai soumise au Quai d’Orsay qui l’a refusée et qui a refusé de rentrer en communication avec les ravisseurs » affirme t-il.
Les conditions déplorables de détention de Sophie Pétronin, telles que présentées par les ravisseurs dans leurs messages.
Le fils de l’otage française vient d’effectuer en trois semaines deux voyages à Nouakchott (Mauritanie) et trois à Bamako (Mali). « C’est à l’occasion de ces déplacements que j’ai pu entrer en contact avec un médiateur choisi par les ravisseurs. Je me suis entretenu physiquement avec lui trois fois, et à l’avant-dernier rendez-vous, il m’a fait cette proposition » a-t-il dit, sans vouloir préciser le lieu de ces rencontres ni la nature des propositions. »
On est toujours stupéfait de voir que dans cette affaire, ce sont les familles qui sont obligée de servir d’intermédiaire entre preneurs d’otages et gouvernement.
Sophie Pétronin est une humanitaire ; elle n’est ni journaliste, ni employée d’une grande entreprise qui pourrait peser dans des négociations. Sa seule force est morale, celle de diriger une petite ONG franco-suisse qui s’occupe de la malnutrition chez les enfants du Sahel. Mais pareille qualité ne pèse pas lourd face à des mouvements terroristes déterminés et un pouvoir politique en France qui peine à trouver le fil d’une négociation.
Le portrait de Sophie Pétronin accroché au fronton du Conseil Général d’île de France. (c) Ph Rochot.
Or le temps presse : l’état de santé de Sophie Pétronin se dégrade de jour en jour. Les preneurs d’otages ont été les premiers à le constater, livrant dans un dernier communiqué, un bilan de santé alarmant qui aurait dû les pousser à la libérer sans condition. Il n’en a rien été. Garder en détention une otage malade et épuisée, c’est volontairement la condamner à mort. Nous connaissons les conditions de sa détention : le désert, les chaleurs de l’été et les froids de l’hiver, la maladie qui se développe, des traitements médicaux qui n’en sont pas, des groupes qui se sentent traqués, poursuivis et une menace quotidienne sur la vie de l’otage.
Le gouvernement a-t-il fait suffisamment pour obtenir la libération de Sophie Pétronin ? Impossible à dire. Le pouvoir se réfugie derrière le secret défense pour échapper aux demandes d’explications. Il faut aussi se mettre dans la peau des négociateurs qui font face à des gens totalement imprévisibles, des groupes qui changent de nom, d’alliances, de chefs, des ravisseurs devenus paranoïaques, incapables de communiquer tant ils redoutent d’être repérés et identifiés. Il faut compter aussi avec le double jeu des pays du Sahel, Mali, Niger, Algérie qui ne facilitent guère les négociations et qui parfois manipulent ces groupes en fonction de leurs intérêts et de leur stratégie.
Patrouille de l’armée française au nord-Mali, dans le cadre de l’opération Barkhane. (image ECPAD)
La volonté ne manque pas au fils de Sophie Pétronin, Sébastien et à la famille pour obtenir la libération de « la dernière otage du Sahel ». Elle est insuffisante. Malgré les multiples voyages de Sébastien Chadaud-Pétronin au Mali, Niger, Mauritanie, ses multiples contacts avec les autorités nationales et locales ou même « le désert », une libération d’otage ne peut dépendre essentiellement de l’action de la famille.
Que fait Macron ? Que fait l’armée ? peut-on lire sur les réseaux sociaux. Le dossier est entre les mains du ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian, ancien ministre de la Défense, supposé bien connaître le Sahel pour y avoir effectué de nombreuses missions lors du déploiement de l’opération Barkhane. Emmanuel Macron est « tenu régulièrement informé » comme le veut la formule diplomatique consacrée, mais cela ne devrait pas l’empêcher de recevoir la famille de Sophie Pétronin afin de montrer au pays que le sort de cette otage française lui tient à cœur.
Car dans l’esprit des Français, la solidarité avec le sort de Sophie Pétronin est bien réelle. Elle s’exprime sur les réseaux sociaux ou devant les quelques panneaux accrochés au fronton de quelques mairies ou conseils généraux, mais avec un fort sentiment d’impuissance.
Les personnages et acteurs de la tragédie de l’otage française, tels que vus par l’entourage des ravisseurs: Sophie Pétronin, son fils Sébastien et en toile de fond Emmanuel Macron.

12 réflexions sur “L’Urgence pour Sophie Pétronin, otage au Sahel… Ph Rochot.

  1. Merci Monsieur d’expliquer si clairement la situation et donc les raisons de l’urgence à Libérer Sophie la maman de mon gendre Sébastien, belle maman de ma fille Séverine. J’espere Que tous ses efforts ne resteront pas vains et qu’en ces temps de Noël Sophie vivra Libre elle qui a sauvé avec son équipe tant de vies sans se préoccuper de la spiritualité de chacun. GARDONS ESPOIR.

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  2. C’est intolérable, insupportable… Il devrait y avoir une pétition depuis presque deux années…
    Noël dans 12 jours, ce serait une belle occasion à ne pas rater de la part de notre président… Espérons… Prions…
    Soutien à la famille…

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  3. Oui, est-ce qu’il y a quelque part une pétition sur Internet à laquelle on peut apporter une voix ? (change.org, par exemple)

    C’est parfois efficace, et si l’on parvient à réunir un grand nombre de signataires, cela peut concourir à faire avancer les lignes, ou, à tout le moins, à faire prendre conscience à nos chers politiques que beaucoup de gens se sentent concernés.

    Olivier Sprung-Pin

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      1. Oui je fais partie de ce comité. Difficile de savoir quelle était la proposition des ravisseurs. Difficile aussi de savoir ce que fait le gouvernement et surtout ce que font les preneurs d’otages qui sont les premiers responsables de cet enlévement injuste…

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  4. Bonjour Philippe; nous nous sommes rencontrés lors de la biennale de Nancy, ou j’exposait également (des photos de Madagascar).
    Oui, la situation est bien insupportable, surtout pour la famille. Que font les autorités françaises (gouvernement, Président, autres…) ? Il nous manque bien des éléments pour analyser sereinement la situation. Mais ne pourrait-on pas également se poser la question de la position (et de l’action) des autorités dites « modérées » de l’Islam, locales, régionale voire internationales ? Trop de fatwa visent des humanistes (écrivains, acteurs, journalistes…) alors que les terroristes semblent épargnés ? Qu’en pensez-vous ?

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  5. Bonjour Philippe.
    Il est nécessaire d’expliquer comme tu le fais clairement la complexité de la situation face à des ravisseurs des plus imprévisibles et improbables.
    J’ai connu Sophie à Menaka en 2009.
    Je souhaite de tout coeur qu’elle puisse retrouver les siens rapidement et pense bien à elle et à sa famille.
    J’ai vécu la détention aux mains de djihadistes identifiés et les négociations sont loin d’être simples.
    Bien à toi Philippe et courage à la famille.

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