Le portrait de cette femme couverte d’un voile composé du drapeau américain a circulé dans les rues de Washington durant la marche hostile à Donald Trump du 21 janvier. On l’a vu aussi le même jour dans les rues de Paris lors de la manifestation contre le nouveau locataire de la Maison blanche. L’affiche est destinée à lui rappeler que les musulmans font aussi partie du peuple américain. On pourra certes lui reprocher d’avoir symbolisé l’islam par le voile, mais le message est fort.
Paris 21 janvier 2017 : Esplanade du Champ-de-Mars…Manif anti-Trump. (Ph.Rochot)
Et c’est bien là le génie de Shepard Fairey, devenu l’artiste de rue le plus populaire des Etats-Unis et même du monde, après son affiche « Hope » représentant Barak Obama le regard tourné vers le ciel et vers l’avenir, remodelée en couleurs sombres et austères, montrant le poids des problèmes pesant sur ses épaules…
Cette image, publiée en 2008 dans deux magazines américains allait servir d’image de campagne au futur président américain. D’aucuns disent qu’elle fut déterminante dans la victoire du candidat démocrate. En tout cas elle a joué son rôle.
Faut-il rappeler aussi que cet artiste de 47 ans est un ami de la France et de nos murs. On lui doit quelques portraits personnalisés de la République mais surtout trois fresques monumentales de 40 mètres de haut qui dominent encore le boulevard Vincent Auriol dans le 13ème arrondissement de Paris depuis juin 2016…
« La République » vue par Shepard Fairey. Paris, bd Vincent Auriol. (P Rochot)
Sur une de ses œuvres monumentales, on voit le sourire d’une femme, des fleurs dans les cheveux, encadrée par les mots: « liberté égalité fraternité». Les attentats de Paris de novembre 2015 lui ont inspiré ce portrait.
Portrait de femme: Paris, bd Vincent Auriol: Shepard Fairey.
Shepard Fairey est représenté en France par la galerie « Itinerrance » et ses œuvres se vendent un peu partout dans le monde. Il est considéré comme un marginal mais pas en affaires. Son business a commencé dès l’âge de quinze ans avec des ventes de Tshirt imprimés de ses images, des stickers, des pochettes de DVD, des peintures sur des skateboards etc…
Paris vu par Shepard Fairey: Ph Rochot.
Shepard Fairey a fondé plusieurs sociétés de graphisme. A mesure qu’il a grandi, il a mis son talent au profit de grandes entreprises multinationales pour des opérations de marketing.
Les œuvres de S.Fairey: une affaire qui marche (capture.écran)
Aujourd’hui Shepard Fairey fait donc de nouveau parler de lui avec cette femme dont le voile est constitué d’un drapeau américain : un coup de génie mais aussi un coup de provoc qui fait mouche. C’est peut-être le but recherché. De son travail d’artiste Barak Obama avait dit : « Vos images ont un effet profond sur les gens, qu’elles soient vues dans une galerie ou sur un panneau indicateur ».
Philippe Rochot
La peinture monumentale de Shepard Fairey sur la « Tour du 13ème », rasée en avril 2014.
J’aime l’artiste, mais je ne crois pas au « coup de génie ». Je crois plutôt à un mauvais coup porté aux femmes. « We people » Quel culot ! Le voile est un symbole d’oppression et d’emprisonnement. Cacher le corps (celui de la femme) qui est sale et impur. Le cacher de la vue des hommes. Je pense aux femmes persécutées, emprisonnées, pour certaines exécutées, car elles ne veulent pas porter le voile dans de nombreux pays musulmans qui appliquent la charia (dictature). Cette affiche est une catastrophe pour la liberté des femmes et cette affiche est une catastrophe pour l’opposition américaine.
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Il avait utilisé une photo de Mannie Garcia(AP) pour son affiche Obama, et avait évité un procès en concluant un accord avec Associated Press après avoir admis qu’il avait trouvé la photo sur les réseaux sociaux. J’espère que cette fois son dessin est original ou bien qu’il a conclu un accord avant! 🙂
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Juste ! Ca m’a d’ailleurs fait penser à la photo de Che Guevara de Alberto Corda, utilisée sous de multiples formes et pour laquelle le pauvre homme n’aura pas touché grand chose !
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Il semble que l’accord conclu entre Ap et lui stipule un partage des droits sur les revenus provenant de la vente des produits dérivé de cette image. Reste à savoir si le photographe a eu sa part… D’après le New York Times, « the two sides have also agreed to work together going forward with the ‘Hope’ image and share the rights to make the posters and merchandise bearing the ‘Hope’ image and to collaborate on a series of images that Fairey will create based on A.P. photographs.” The statement added that the two sides had agreed to “financial terms that will remain confidential.”
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Un joli coup graphique, mais au message assez ambigu, non ? On ne sait comment ce poster pourrait être interprété, dans la confusion du moment.
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