La liberté de la presse valait bien une (grand) messe… Les trente ans de Reporters Sans Frontières.. Philippe Rochot

La République porte encore les traces des manifs pour Charlie : graffitis, cire de bougie, slogans comme celui-ci : « c’est l’encre qui doit couler par le sang »… Le décor était donc planté et la fête des trente ans de Reporters Sans Frontières n’a eu aucun mal à se fondre dans ce moule pour plaider sa cause : la défense de la liberté de la presse.
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Christophe Deloire, secrétaire  général de RSF avec Deborah Tice, mère de l’otage américain Austin Tice. (Ph Rochot)

Voilà trois décennies que RSF existe, née de l’idée d’un jeune journaliste localier de Montpellier, Robert Ménard, trotskiste, anar et catho qui prendra plus tard le chemin qu’on connaît mais dont l’action pour les journalistes emprisonnés ou condamnés, aura sans doute permis de sauver des dizaines de vies humaines. Le chiffre des journalistes tués ou emprisonnés n’a hélas pas baissé : 24 tués et 150 emprisonnés en ces premiers mois de 2015, sans compter des reporters otages de groupes extrémistes comme Daech et menacés à tout moment d’exécution.

Austin tice otage Syrie

C’est le cas d’Austin Tice, journaliste américain de 33 ans arrêté près de Damas par un groupe djihadiste en 2012 et dont une seule vidéo nous permet de dire qu’il est sans doute encore en vie. Sa famille a choisi de médiatiser sa prise d’otage : 300 quotidiens des Etats-Unis ont écrit à Barak Obama pour lui demander de négocier la libération. Sa mère, Deborah a fait le voyage du Texas à Paris, pour plaider la cause de son fils devant les quelque 7000 sympathisants rassemblés place de la République.Elle se dit déçue par une presse américaine qui a perdu de son audace et de sa dimension: « nous devons rallumer ce feu que nous avions en nous, aux États-Unis, pour la liberté de la presse. »

Manif Reporters sans Frontières RSF 30 ans (28) (Copier)

Causes oubliées, causes parfois perdues, causes si difficiles à défendre comme celle de Raïf Badaoui, ce blogueur saoudien condamné à recevoir mille coups de fouet.pour insulte à l’islam. Reporters Sans Frontières a pris aussi la défense de cet homme dans un pays où parler de liberté de la presse est synonyme de subversion.

La leçon de ces trente ans d’action de Reporters Sans Frontières, il faut sans doute la trouver dans l’intervention de l’avocate iranienne Shirin Ebadi, Nobel de la Paix 2003 : « si vous ne nourrissez pas votre liberté chaque jour, vous la perdrez »…

 

Philippe Rochot

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