Traversée du canal de Suez: guerre du Kippour: 1973. (Ph Rochot)
Missiles soviétiques: désert du Sinaï/ (Ph Rochot oct 1973.)
Américains et Israéliens ont-ils su longtemps à l’avance que l’Egypte et la Syrie allaient déclencher la guerre en ce début d’octobre 1973 ? Dans un monde arabe où tout se sait, le secret avait été bien gardé. Les services de renseignement de Tsahal ont affirmé que depuis plusieurs semaines ils observaient les préparatifs d’une offensive au Golan et au Sinaï. Un espion infiltré au sein même de l’équipe des conseillers de Sadate avait informé le Mossad que l’Egypte attaquerait le 6 octobre à 18h. Le raïss a décidé d’avancer l’heure de l’offensive à 14h…En Israël, Golda Meir et Moshe Dayan étaient de toute façon d’accord pour ne pas attaquer en premier, afin que l’Etat hébreu ne soit pas accusé une nouvelle fois, comme en 1967, d’avoir déclenché la guerre…
Char syrien sur le front du Golan (oct 1973 / Ph Rochot)
Pour la première fois dans le conflit du Proche-Orient, le 6 octobre 1973, l’armée israélienne a reculé sur la plupart des fronts. Dans le Sinaï, la ligne « Bar Lev » réputée imprenable a craqué face à l’offensive des égyptiens. La légende du soldat arabe qui abandonne ses chaussures dans le désert pour s’enfuir pieds nus, comme durant la guerre des six jours, s’est retournée contre Israël.. Dans les airs, les missiles Sam 6 soviétiques ont créé la surprise. Pour la première fois des Phantom israéliens ont été abattus dans le ciel syrien et égyptien. Le monde arabe a estimé que ces premiers jours de guerre avaient sauvé l’honneur perdu et que la honte de la défaite de juin 1967 avait été effacée.
Egypte: canal de Suez au lendemain de la guerre du Kippour. (c) Ph Rochot
Mais la percée syrienne et égyptienne n’a duré que quelques jours… Les forces israéliennes ont rapidement repris le dessus, encerclant la troisième armée égyptienne dans le désert du Sinaï et reprenant les hauteurs du Golan.
La troisième armée égyptienne après la levée de l’encerclement israélien: Nov 1973. (Ph Rochot)
La guerre du Kippour fut en réalité un appel à la négociation dans laquelle s’engouffra Henry Kissinger avec ses navettes incessantes entre Le Caire, Damas et Jérusalem. L’Egypte passa carrément dans le camp américain et lâcha son allié soviétique pour finalement normaliser ses relations avec Israël… Mais cet anniversaire qui permettait chaque année d’afficher l’unité nationale met à présent au grand jour les divisions du pays. C’est en son nom que partisans et adversaires du général Sissi sont descendus dans la rue…
Philippe Rochot