Les rassemblements de soutien aux journalistes otages ont souvent un caractère solennel et mondain. Celui du 6 septembre, devant l’hôtel de ville de Paris, n’a pas échappé à la règle. Je croise une file d’élus portant l’écharpe tricolore, Harlem Désir en costume bleu marine, Anne Hidalgo, adjointe au maire, en tenue austère faite de gris et de vert sombre. Elle est visiblement émue. C’est elle qui lance les discours de solidarité pour nos deux confrères détenus depuis trois mois en Syrie. Elle ne retrouve pas leur nom alors qu’ils sont inscrits derrière elle sur une affiche de deux mètres de haut.
Mairie de Paris: 6 sept. 2013: Ph Rochot
Ceux qui attendent des informations sur le sort des otages seront déçus. Les discours sont dominés par des généralités et des banalités sur « ces médias qui nous informent, ces journalistes partis faire leur métier »…ou sur « la liberté d’information qui est le socle des démocraties » comme le rappelle la candidate à la Mairie de Paris…
Je suis venu à ce rassemblement par solidarité, mais aussi pour mieux connaitre le photographe-otage Edouard Elias, détenu avec Didier François. En réalité aucun des reporters présents à la manifestation ne le connait. Il a débuté dans le métier il y a moins d’un an : terrible coup du destin que d’être capturé en début de carrière. Le dernier professionnel à l’avoir rencontré est Patrick Chauvel mais Patrick est à Visa pour l’image…
J’attends avec impatience l’allocution de Florence Aubenas qui préside le comité de soutien à nos confrères et qui a toujours des éléments judicieux à exposer. Mais elle ne parlera pas… Pas plus que Valérie Trierweiler venue pourtant soutenir des confrères en tant que journaliste et première dame de France. Les officiels dominent la scène. Je dresse l’oreille quand Serge July, fraîchement débarqué au comité de soutien, déclare au micro que les deux journalistes seraient détenus par « un groupe se réclamant de la résistance ». Ses propos semblent rassurer l’assistance. Pas moi en tout cas. Ces groupes qui veulent faire tomber Bachar el Assad restent très versatiles, imprévisibles. Ils sont peut-être les ennemis du dictateur syrien mais pas forcément nos amis.
Le rassemblement n’aura duré qu’une demi-heure. Il n’y avait pas plus de deux cents personnes mais d’autres manifestations ont eu lieu à Lille, Bayeux, Bordeaux… Je guette une autre manifestation-test : les trois ans de détention des otages d’Arlit le 21 septembre.
Philippe Rochot