Syrie, terre d’exode : mon œil sur l’expo d’Agnès Varraine Leca, « Syrian exodus » Ph Rochot

 Ceux qui pensaient que le temps jouerait en faveur du régime syrien avaient sans doute raison. Plus de deux ans après le début du conflit, Bachar el Assad est toujours en place et la guerre continue avec un chiffre de victimes dix fois supérieur à celui de toutes les révoltes arabes réunies : 70.000 morts. Les nations unies ont recensé près d’un million de réfugiés qui se répartissent entre la Turquie, le Liban, la Jordanie.

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Photo Agnès Varraine Leca        

          Ces réfugiés, Agnès Varraine Leca les a retrouvés dans ces pays d’accueil où ils se serrent dans des camps de fortune comme celui de Zaatar en Jordanie qui accueille plus de 120.000 personnes. Les hommes et les femmes qu’elle nous montre dans son exposition « Syrian exodus » transportent avec eux la douleur d’un peuple déchiré. L’épreuve imposée se lit sur leurs visages. La plupart ont  fui vers le pays le plus proche : la Turquie pour les gens d’Alep, la Jordanie pour ceux de Deraa, le Liban pour les habitants de Qoussayr ou de Damas. Mais tous ont en mémoire la répression et les tortures du régime. Certaines familles ont déjà vécu les massacres de Hama de 1982 quand Hafez el Assad, père de Bachar, a lancé ses blindés contre une population musulmane sunnite qui réclamait plus de justice sociale. On a parlé de 20.000 morts mais la communauté internationale n’a pas bougé à l’époque car le général Assad était considéré comme un élément de stabilité au Proche-Orient.

Syrie ref camp web

Photo Agnès Varraine Leca

          Aujourd’hui il n’est plus possible de cacher la cruauté d’une guerre pareille car les réfugiés parlent. Face au photographe occidental ils éprouvent le besoin de témoigner, de se vider la tête de ce qu’ils ont vu et vécu, de montrer leurs blessures. Ils ont à la fois envie de l’image pour que le monde sache, mais en ont peur aussi car la plupart ont encore de la famille restée sur place.  Ils redoutent que leurs proches ne soient interrogés par les sbires du régime, les Chabihas, qui font régner la terreur. Et c’est toujours ce qu’ils évoquent nous dit Agnès Varraine Leca quand on veut les photographier. Ils préfèrent souvent qu’on prenne l’image de leurs enfants qui ne seront pas reconnus. Mais alors se pose chez nous le problème de la publication d’images de mineurs. Peut-on imaginer masquer ou  « flouter » la détresse d’un peuple ? Pas facile décidément d’informer le monde sur le conflit syrien.

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 Photo Agnès Varraine Leca

           Les images d’Agnès Varraine Leca vont pourtant plus loin que le simple message humanitaire destiné à sensibiliser l’opinion et à montrer l’action de « Médecins du Monde » auquel appartient l’auteur. On n’y voit ni fusils, ni bombardements, ni quartiers en ruine, ni blindés mais le conflit syrien est parfaitement illustré par le destin de ces milliers d’hommes et de femmes qui ont choisi l’exode.  

          Philippe Rochot

–   « Syrian exodus »    Exposition du 2 mai au 2 juin 2013 

Galerie CONFLUENCES  190, boulevard de Charonne 75020 

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